Sabbat des sorcières de Warquignies



L'OEIL DU CYCLONE 
 ICI TOUT EST BEAU # 09

Sabbat des sorcières de Warquignies




Présentation du village

Warquignies est un petit village du Hainaut faisant partie de l’entité de Colfontaine. Il se situe à une vingtaine de kilomètres de Mons en Belgique.

Avant 1977, c’était le plus petit village de Belgique, qui possède son école maternelle et primaire, sa bibliothèque communale, sa maison de la convivialité et d’atelier extra scolaire du mercredi après-midi, son aire de jeu pour enfants avec terrain de basket, son square, ses sentiers de promenade longeant le bois, ses nombreux commerces et restaurants, son église rénovée, son temple protestant, sa ducasse de quartier annuelle, son désormais célèbre Sabbat des Sorcières et même son château (l’ancienne demeure des Seigneurs de Warquignies).

En d’autres temps, il y avait même un moulin à vent (tombé en ruine à la fin du 19éme siècle) et une brasserie. Sa population est d’environ cinq cents habitants pour une superficie de 56ha. Il est entouré par les villages de Dour, Boussu et Wasmes ainsi que du bois de Saint-Ghislain.

Légende


Warquignies est le « Village à sorcières »

Son origine 
La légende des sorcières de Warquignies est en partie inspirée par les affres de la Contre-réforme que subirent à la fin du 17ème siècle les nombreux protestants du Borinage, contraints de pratiquer leur culte clandestinement et de se déplacer incognito pour se retrouver la nuit dans des endroits isolés. 

À l’époque où la population se déplaçait encore à pied, celle de Warquignies se rendait le plus souvent vers la ville de Dour (commune la plus proche), pour effectuer leurs achats, notamment le lundi, jour du célèbre marché. Ce jour est resté le même encore actuellement. 

Les différents itinéraires étaient

1. Soit par le bois 
Imaginez-vous l'hiver, à la nuit tombante, emmitouflé dans un large foulard pour vaincre le froid, parcourant le bois, aux aguets d'un craquement de branche par là, d'un oiseau de nuit qui se pose par ici, du bruit d’un chevreuil qui se déplace au loin... 

2. Soit, plus directement en passant par Petit-Hornu (commune de l’entité de Boussu) 
Sur ce trajet, vous deviez traverser la terrible « rue de l’Enfer ». Donc, la croyance d’une telle rue maudite, non loin de la commune de Warquignies, a développé l’imaginaire et la légende des sorcières. 

Ce climat fut suffisant pour que les esprits les plus imaginatifs inventent des histoires effrayantes à raconter aux enfants le soir au coin d’un bon feu et traitant des déplacements nocturnes de sorcières dans le village ou de pratiques de sorcellerie dans le bois tout proche. 

De fil en aiguille, la légende dut s’installer dans le village et ses alentours pour se confondre avec la réalité et devenir, avec le temps, ce que nous connaissons actuellement de Warquignies : le célèbre village à sorcières que nous connaissons actuellement.



Mythes et légendes

Quelques légendes tournant autours du village ou de la région de Mons-Borinage. Celles-ci sont liées à des animaux, des plantes, des arômes, des aliments.

Ail
L’ail était souvent associé à une bonne santé et au gain de courage. Le mois d’avril était de ce fait un vrai cauchemar : au nom d’une quelconque croyance, on devait croquer une gousse d’ail chaque matin à jeun pendant 30 jours. On était alors protégés des sortilèges maléfiques pendant toutes l’année.

Araignée
En septembre, les chasses aux araignées étaient fréquentes : pour gagner à la loterie, il fallait enfermer une araignée toute une nuit dans une boîte avec des carrés de papiers numérotés. Le lendemain matin, les carrés retournés par l’araignée était synonyme de numéros gagnant pour la loterie du vendredi de la semaine en cours.

Chat noir
Les chats noirs, tout comme aujourd’hui, étaient mal acceptés, mais non pas pour la malchance. En d’autres temps, on disait que le chat noir qui passait la nuit dans une maison invitait le Diable en personne pour un Sabbat.

Chauve-souris
D’après un rite sorcier, on disait souvent qu’il fallait se promener avec le cœur d’une chauve-souris callé sous son bras pour que l’on devienne invisible des autres personnes.

Chouettes
Les chouettes qui approchaient trop près des maisons le soir étaient chassées avec panache. On disait de ces animaux de la nuit qu’ils quittaient le cimetière pour venir se poser près de la maison où quelqu’un allait mourir dans les trois jours.

Corbeau
Le corbeau, tout comme la chouette, était souvent associé à la mort. Si on l’entendait croasser le matin de bonne heure, la journée se terminerait par un malheur et si celui-ci s’aventurait trop près d’une habitation, la mort allait frapper à la porte. Tout était donc mis en œuvre pour éloigner ces oiseaux de malheur : tirs de carabine et autre épouvantails changés régulièrement pour que l’animal ne s’y habitue pas !

Crapaud
L’haleine de crapaud était mortelle pour les enfants sages. Il suffisait simplement de fixer l’animal avant qu’il ne vienne vous lécher et vous empoisonner jusqu’à l’évanouissement.

Le pain
Evitez, lorsque vous êtes à table, de déposer celui-ci à l’envers sur la table, il paraît que le diable vient s’y asseoir dans la minute qui suit !



Légendes du coin

D’autres légendes tournant autours du village ou de la même région.

Le tunnel
Une légende raconte qu’un tunnel reliait Warquignies à la gare de St Ghislain. L’entrée serait située aux alentours de la rue du Progrès. D’autres personnes disent qu’il s’agit en fait de l’ancienne entrée de la cave à fûts d’une ancienne brasserie : « la Brasserie Quenon ». Enfin, il s'agirait de l’entrée de l'ancienne glacière du château creusée dans le sol de façon à disposer en permanence de glace durant toute l’année. Dans un cas comme dans l’autre, il y a effectivement un monticule de terre au lieu susmentionné.

Secte
Plusieurs personnes rapportent des témoignages similaires au sujet d’un groupe de personnes masquées de cagoules et se retrouvant dans le bois aux alentours de Warquignies autours d’un feu pour exécuter des rituels et autres actes douteux. D’aucuns parle de secte, d’autres de simples groupes de gens passant la nuit à délirer.

Sorcière à Warquignies

Il paraît qu’une sorcière habitait effectivement à Warquignies. Même si cela devait être l’invention des enfants du village, celle-ci ne se déplaçait jamais sans son chat noir, était toujours vêtue de vêtements sombres et disposait d’une vieille poussette en métal dans laquelle elle y déposait ses « affaires ».
Enfin, le plus troublant, habitant au Pavé de Warquignies, au même moment chaque année durant tout un week-end, portes et volets de sa maison étaient clos et personne ne l’apercevait du vendredi au dimanche. Ce week-end, c’était le fameux troisième de septembre, soit celui du Sabbat !

La naissance

La « naissance » du Sabbat des Sorcières à Warquignies a vu le jour en 1977 lors d’une émission diffusée sur Radio Hainaut (devenue depuis lors Vivacité – Radio très connue en Belgique). En cette période de fusion communale, deux conseillers communaux étaient ce jour-là conviés sur les ondes pour prendre part à une émission traitant de la toute nouvelle entité de Colfontaine.

Lorsque furent abordés les aspects folkloriques des communes fusionnées, il apparut clairement que, si Pâturages mettait en avant son Loup (une autre fête folklorique de la région) et si Wasmes pouvait s'enorgueillir de sa Pucelette (fête importante dans cette commune), Warquignies n'avait aucun symbole à mettre en évidence. Se rappelant que notre commune était surnommée "Le Village à Sorcières", les deux compères firent le pari en direct à la radio de mettre sur pied à Warquignies un Sabbat des Sorcières.

Le plus difficile restait à venir, lorsque, par exemple, un des deux conseillers communaux dut déployer des trésors de patience et de jusqu'au-boutisme pour convaincre Odon Cailleau, le curé de l'époque, de mettre un local à disposition des jeunes du Cercle catholique. Dès que les organisateurs eurent obtenu un local de réunion, il fallut songer à la constitution d'un cortège. De palabres en discussions, on finit par adopter une formule basée sur des chars à thèmes tirés par des chevaux, ou à défaut, par des tracteurs. Quant à l'animation du cortège, elle serait assurée par des groupes grimés et des personnes déguisées, soutenus par la traditionnelle fanfare et par une voiture équipée de diffuseurs de musique d'ambiance.

Restait alors la problématique essentielle : la sorcière de notre sabbat! Ce comité eut alors une grande idée: la sorcière de Warquignies serait représentée par une personne jouant un rôle lors du spectacle du Jugement sensé l'amener sur le bûcher, mais aussi symbolisée par un Géant, promené au sein du cortège aux quatre coins de la commune.

Après de nombreuses discussions sur cette nouvelle fête folklorique, les membres du Comité se penchèrent sur la conception d'une affiche représentant une sorcière au profil noir sur fond jaune, soit les couleurs du village.

Pour constituer le cortège, ils purent compter sur l’aide de nombreux fermiers de la commune. Ceux-ci prêtèrent leurs aides ainsi que leurs tracteurs pour tirer les différents chars du cortège.

Pour l'animation, une cinquantaine de musiciens locaux ont une présence active dans le cortège, il leur était demandé d'animer la soirée organisée dans la salle des Fêtes de l'école.

De nombreux habitants ont eu l’idée de construire une géante et de l’habiller en sorcière. Celle-ci fut baptisée dans la cour de l'école. Elle fut prénommée Marie-Rose. Le nouveau-né mesurait plus de 4 mètres de haut et suscitait de belles frayeurs lorsqu'il croisait des fils électrique sur sa route.
Par ailleurs, cette géante au poids conséquent devait être manipulée par un porteur régulièrement relayé. Pour la seconde édition du Sabbat, Marie-Rose fut équipée de roulettes, au grand soulagement de chacun…

Certains membres du Comité dirigèrent les enfants du village qui participaient aux répétitions de danses. Ils étaient maquillés. A cette époque, on récupérait dans les greniers des grands-parents de quoi se costumer ; le temps passant, les participants mirent un point d'honneur à confectionner eux-mêmes leurs atours de fête.

Le cortège présentait un groupe de « Beûbeûs », ces personnages rendus célèbres par la Procession du Doudou, à Mons, et qui arboraient une robe et une cagoule noires.

Le Sabbat inaugural fut marqué par le concours de la plus belle sorcière. Cette fête de 1977 vit aussi l'interprétation du premier spectacle du Jugement. Il s'agissait à l'époque d'une pièce de théâtre jouée par des jeunes du Cercle catholique de Warquignies (la troupe théâtrale d'Elouges, Les Bananas, reprirent le flambeau quelques années plus tard).
Sitôt Marie-Rose mise au bûcher, les spectateurs devaient être reçus dans la Salle des Fêtes de l'école mais devant le succès de foule recueilli par cette soirée (près de 1500 personnes certaines années), les organisateurs durent dresser en urgence des tentes afin d'accueillir tout le monde dans la cour de l'école.

Le Sabbat était né, les gens étaient au rendez-vous, il ne restait plus maintenant qu'à gérer le succès de la première édition de façon à maintenir et à augmenter la popularité des futures éditions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire